En mémoire de Kupa Ilunga Medard Mutombo
Pour que justice soit faite
Contre la violence meurtrière de la police et de l’État
Manifestation le vendredi 06 octobre à 16h30 à Oranienplatz à Berlin
Le 14 septembre 2022, Kupa Ilunga Medard Mutombo se trouvait dans une résidence assistée de Spandau pour personnes souffrant de troubles mentaux et psychiques. Il devait être transféré vers un hôpital. Trois officiers de police, un médecin et une ambulance ont été appelés pour le transfert. Lorsque Médard a ouvert sa porte et vu la police, il a paniqué. Les policiers* ont utilisé une force brutale contre l’homme de 64 ans, l’ont jeté par terre et l’ont immobilisé. L’un d’entre eux lui a mis un genou dans le cou, tandis qu’un autre s’est couché sur son dos et l’a empêché de respirer. Au moins 13 autres officiers de police* sont entrés dans le dortoir et n’ont laissé personne entrer dans la chambre. Selon un témoin, Médard ne pouvait plus respirer. Malgré la présence d’un médecin et d’une ambulance sur place, la réanimation a duré plus de 45 minutes.
Medard a été transféré au Vivantes Klinikum de Spandau et, trois jours plus tard, il a été admis à la Charité en raison d’une détérioration de son état de santé qui menaçait sa vie. Il est resté dans le coma et est décédé trois semaines plus tard, le 06.10.2022, des suites de ses blessures. Son frère, Mutombo Mansamba, a pris contact avec le centre d’aide ReachOut et a attiré l’attention du public sur l’intervention mortelle de la police.
La mort de Médard n’est pas un cas tragique isolé, comme beaucoup tentent de le faire croire. Ce n’est pas non plus un pur hasard si une intervention apparemment aussi banale a trouvé une issue mortelle. Il faut le redire ici en toute clarté : Sans la police, Médard serait encore parmi nous aujourd’hui. Pourquoi 13 policiers se présentent-ils pour une telle intervention, alors que leurs armes, leurs uniformes et leur équipement les rendent menaçants ? Pourquoi fallait-il défoncer la porte, alors que toute personne dotée d’un minimum de bon sens et d’empathie sait que la violence et les menaces n’ont rien à faire avec des personnes atteintes de troubles psychiques ? Il n’y avait ni danger pour autrui ni danger pour soi-même. Les policiers auraient eu le choix de reconnaître qu’ils n’étaient tout simplement pas au bon endroit. Ils auraient pu demander de l’aide, que ce soit au personnel soignant, à des amis ou à des membres de la famille. Au lieu de cela, ils ont activement décidé d’accepter des blessures graves et mortelles pour Médard, afin que leur autorité ne soit pas compromise.
Un an s’est écoulé depuis la mort de Médard. Les premières enquêtes judiciaires montrent que la police et le procureur n’ont aucune volonté de résoudre le problème. Comme dans beaucoup d’autres cas que nous connaissons, la protection, l’image de la police et de ses fonctionnaires et leur infaillibilité sont plus importantes pour l’Etat que de veiller à ce que justice soit faite.
2016, Moabit, Hussam Fadl est abattu par derrière par la police.
2020, Friedrichshain, Maria B. est abattue par la police dans son appartement.
2022, Schöneweide, le sans-abri Marcel B. est agressé par la police et meurt des suites de l’intervention policière.
2023, en avril à Königswusterhausen et en juillet à Friedrichshain, Vitali Novacov et Danny Oswald meurent respectivement des suites d’une intervention policière mortelle.
Rien que dans la région de Berlin-Brandebourg, nous connaissons depuis 2016 au moins 18 personnes qui ont perdu la vie lors d’interventions policières mortelles. Ce chiffre ne comprend pas les personnes décédées en prison, en garde à vue ou dans des contextes similaires, ni les nombreux décès survenus après ou à cause d’expulsions. Dans l’ensemble, le nombre de cas non signalés est bien plus élevé, car l’État fait tout pour les dissimuler. C’est avant tout grâce à des proches, des amis, des activistes et des journalistes que nous connaissons certains noms et ces chiffres.
Pour Kupa Ilunga Medard Mutombo aussi, les résultats de la première enquête ont été une pure moquerie. Heureusement, Mutombo Mansamba n’a pas baissé les bras et a pu obtenir la réouverture de l’enquête. Nous souhaitons, avec lui et avec vous, augmenter la pression sur le procureur, la justice et tous les autres responsables le 6 octobre 2023.
Venez donc nombreux le 06.10.23 à 16h30 au Mémorial pour les victimes du racisme et de la police à Oranienplatz.
Commémorons tous ceux qui ne peuvent plus être avec nous aujourd’hui. Faisons comprendre aux responsables que nous n’avons pas oublié ni pardonné et que nous continuons à nous battre pour la justice et la clarté. Montrons à voix haute et de manière claire que nous ne pouvons pas, que nous ne voulons pas et que nous n’accepterons pas la violence mortelle de la police sans réagir.
Pour un avenir meilleur et plus sûr pour tous.
1 2 3